L’Acajou

Une table d’hôtes dans l’air du temps… à parfaire

On ne le présente plus. Jean Imbert. L’heureux finaliste de l’émission Top Chef 2012. L’Acajou, c’est lui. Son antre. Son laboratoire de saveurs. The new place to be. Car sa table fait en effet des émules au sein de la communauté gastronomique depuis quelques mois. Mais sa victoire justifie-t-elle ce que l’assiette offre aux gourmets ? Il n’y a qu’une seule façon de le savoir : nous l’avons goutée.

Discrètement installé dans le village d’Auteuil, l’Acajou fait office d’ovni quand on passe le pas de la porte. L’ambiance lounge très parisienne impose une décoration déclinée autour du noir signée Pascal Desprez. Les matériaux high tech jouent avec des effets laqués et des surfaces miroitantes, s’offrent des contrastes mats / brillants et s’amusent avec des néons aux coloris fluorescents. L’ensemble est donc ultra looké et tendance, parfait pour attirer le beau monde, l’élite fashion et les plus pointus gastronomes. La forme est un véritable parti-pris qui saura en séduire plus d’un, atout nécessaire mais pas suffisant pour faire apprécier le fond.

Le concept du restaurant reste dans l’air du temps : une grande table d’hôtes et un menu surprise que l’on commande à l’aveugle. Grande mode que se sont appropriées ces nouvelles tables parisiennes de « haute cuisine » fusion. L’idée étant par excellence de « fusionner » les cuisines du monde afin de créer des saveurs inédites que l’on goûte du bout des doigts et les yeux fermés. Jean propose ainsi un menu semi-unique plutôt original et distinctif composé d’une entrée, de deux plats et de deux desserts. L’entrée se décide sur un thème : « terre » ou « mer », les plats en choisissant deux destinations parmi six, seuls les desserts sont imposés à l’ensemble des convives… Surprise. Totale ou partielle, à vous de décider.

Déclinée en 3 amuses bouches aux saveurs marines pour l’une et terroirs pour l’autre, l’entrée charme le regard par une présentation esthétique qui promet une dégustation de petits délices savoureux. Les papilles s’agitent. Si la mer est une réussite et flatte le palais (le consommé façon bisque est divin), la terre impose quelques déceptions : certaines associations et préparations demeurent fades (le velouté de poivrons n’est pas d’un intérêt particulier). Quant aux plats, ils réveillent les sens… Destination Erquy : cette petite ville de Bretagne cache un carpaccio de langoustines dont la texture fondante fait chavirer les papilles. Léger, frais et onctueux, ce plat est idéal pour continuer le repas. Coté viande, l’Espagne s’est invitée à la fête avec une pièce de « jabugo » confit (cochon ibérique) qui a définitivement conquit nos sens… Extrêmement tendre et parfaitement cuite, la viande fond en bouche… sublimée par une sauce teriyaki et une série de petits légumes subtilement pimentés. Un délice.

En revanche, zéro pointé pour les desserts… Aucune créativité à noter. Le soufflé au chocolat ressemble à s’y méprendre à un fondant crémeux et coulant, lourd, élémentaire et sans intérêt. Ni les sorbets accompagnés de crème chantilly, ni le coulis au concombre dans lequel nage une bille de crème citronnée ne relèvent le niveau, ni ne parviennent à trouver leur place dans ce restaurant qui s’enorgueillit de proposer un tel niveau de cuisine. Amère déception… Plus de légèreté et d’inventivité auraient pourtant parfaitement clôturé ce menu. Mais où donc est passée cette fameuse salade de fruits qui a valu au chef tant d’éloges ?

A ce prix là (60 euros le menu hors boissons), le gourmet peut être intransigeant quant à la qualité de la cuisine qui lui est servie. Nous sommes donc repartis un peu déçus : malgré son impressionnant CV, Jean a des preuves à (re)faire avant que nous n’y retournions. Le service hésitant et distant n’a certainement pas aidé à améliorer cette impression d’insatisfaction. Du bon potentiel à perfectionner…

L’Acajou, 35 bis rue La Fontaine, 75016 Paris. Réservation au 01 42 88 04 47

http://www.l-acajou.com/

~ par Marine de Montalivet sur 24 août 2012.

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